Hypersensibilité : mon meilleur ennemi




L'hypersensibilité, qui n'en a jamais entendu parler? 

Depuis quelques temps je vois ce mot partout, de plus en plus de personnes s'auto proclame hypersensible. 

Sous couvert de cette sensibilité accrue, tout est prétexte pour se justifier, d'une réaction trop forte, voir démesurée, ou de crise caractérielle. 

Cela me laisse l'impression que c'est un nouvel effet de mode. Comme si c'était vraiment cool d'être hypersensible. 

Spoiler Alert : Faux! C'est pas la mort, mais c'est pas non plus super facile à vivre au quotidien. Donc non ce n'est pas "cool" d'être hyperS.

Depuis toute petite, j'ai toujours été sensible. Une "douillette affective" comme m'a dit une fois ma maman. Un petit rien pouvait me bouleverser, me faire pleurer ou parfois même me tétaniser. 

J'ai entendu de (trop) nombreuses fois, que j'étais : 

Trop émotive, trop sensible, trop fragile, trop naïve, trop excessive, soupe au lait, a fleur de peau. (Trop, trop, trop quoi ! ).

Que je devais me faire soigner, que ce n'était pas normal de réagir comme ça, pour  "si peu, pas grand chose". Que je me faisais une montagne de petit rien, qu'il fallait que je grandisse, que je devienne un peu plus mature, un peu plus forte, un peu moins chiante, pénible, ou que j'arrête d'en faire trop, d'arrêter mon cinéma. 

Enfant, puis adolescente ces mots font du mal. Surtout quand on se rend compte que les gens nous jugent constamment, qu'on est considérée comme faible, voir stupide de part nos réactions. Que personne de notre entourage ne comprends, ne cherche à savoir le pourquoi de nos réactions ou ne nous écoute. 

La spirale infernale se déclenche : doute, peur, stress, angoisses parfois. Insomnie, maux de ventre voir crises de larmes incontrôlables quand les émotions nous submergent. 

Tout ça je l'ai vécu. Et je ne savais pas pourquoi je réagissais comme ça. Je me pensais anormale, voir folle, dépressive, instable. Longtemps je n'ai su mettre des mots sur ce qui pouvait m'arriver à des moments ou je ne l'attendais pas. 

J'ai douté de moi, je suis restée sur ma réserve, je ne parlais pas trop de moi, je n'étais jamais vraiment moi, sous couvert d'humour (puis de cynisme plus tard) j'ai crée une coquille de protection, comme un double pour mon entourage . 

Les moindres disputes, ou haussements de ton, me tétanisent, encore à l'heure actuelle. Les ruptures brutales amicales me terrassent et me font du mal, parfois même plus qu'une rupture amoureuse. 

Quoique. Avec le recul et en étant complétement honnête, je me rends compte que même pour éviter une séparation j'étais prête à tout accepter. Je n'ai jamais hésité à faire passer l'intérêt d'autrui avant le mien. Prête à accepter des exigences disproportionnées de partenaires (amicaux ou amoureux) parfois même injustes. 

Je peux pleurer pour quelques choses de beau comme une musique, une peinture, pleurer pour un trop plein d'émotions et me retrouver à sangloter comme une enfant par exemple ou même pleurer par ce que je suis heureuse, ou que je vis un moment super excitant et que je suis trop contente. Et franchement parfois c'est hyper chiant. Allez expliquer aux potes que de se retrouver au concert de NTM, cela te tire des larmes de joie ...

Attention je ne blâme personne, je suis la seule responsable de ces comportements. J'en ai conscience et j'y travaille. 

Puis un jour je suis tombée sur un blog par hasard, surfant le web, comme certains surfent la vague. Une personne racontait son chemin, et ne lisant ces articles, ces réactions, ces comportements, je me suis reconnue dans ce qu'elle disait. 

Alors j'ai beaucoup lu sur le sujet, j'ai découvert des points dans lequel je me reconnaissait absolument et d'autre moins voir pas du tout. 

Mais il y avait quelques choses, un semblant d'explication à ce que je pouvais être. 

C'est une hypnothérapeute qui au détour d'une séance à confirmé ce que je soupçonnait. 

Me voila hypersensible et je le sais vraiment depuis quelques années. J'ai appris à vivre avec. 

Ce n'est pas tous les jours faciles, mais j'ai compris aussi que non, je n'étais pas "folle". Et cela m'a fait du bien. 

Je suis consciente que je peux pleurer devant un concert, un tableau ou même un film.. Devant la beauté d'un paysage ou parce que je suis heureuse de partager un moment plus que parfait avec quelqu'un. Un sentiment de gratitude profonde, d'amour ou de joie, peut provoquer une boule au creux de ma gorge, des yeux remplis de larmes. Mais ce n'est pas grave, car je suis heureuse. 

Je sais aussi que je peux me renfermer sur moi même car on a haussé le ton, qu'on m'a fait un reproche (justifié ou non), quand on me blesse. Je peux passer des jours sans voir personnes, ou ne donner de nouvelles. Le temps de me "remettre". La plupart des personnes que je côtoie pensent que je suis associable, je suis juste généralement en train de panser mes plaies. Mais j'en ai clairement rien à faire. 

Je n'en parle pas, cela ne regarde personne, et j'ai appris à me détacher du regards des autres. Seul l'avis des personnes que j'aime compte. Et je peux les compter sur les doigts de la main. 

Ce n'est pas une fatalité en soi, au contraire, je pense qu'il y a énormément de positif à être hypersensible, mais il faut apprendre à dompter un peu nos sentiments, et des fois simplement lâcher prise. Et laisser la tempête passer. 


Carnet Prune en parle très bien



Commentaires